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Ariane Lacoursière |
«Combien de morts devra-t-il encore y avoir dans les urgences avant que le gouvernement n'intervienne? Le gouvernement est le grand responsable de la crise que l'on vit actuellement.» La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, a attaqué de façon virulente le gouvernement de Jean Charest, hier, qu'elle accuse d'alimenter la crise dans les hôpitaux par son inaction.
Devant une centaine de ses membres réunis à Montréal, Mme Laurent a déploré que le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qualifie d'incidents isolés les nombreux décès qui ont fait les manchettes dans les derniers jours. Encore hier, le quotidien The Gazette a fait état de la mort de Mieczyslaw Figiel, un homme de 75 ans, dans le couloir des urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont il y a un mois.
«Ce qu'on vit est dramatique, a dit Mme Laurent. Le ministre laisse pourrir volontairement la situation. Assez, c'est assez! Si le ministre Bolduc n'est pas capable de régler la situation, que le premier ministre Charest le fasse!»
La présidente de la FIQ affirme que la qualité des soins dans le réseau est directement liée aux conditions de travail des employés. Actuellement en négociation en vue du renouvellement de la convention collectives des infirmières, Mme Laurent accuse le gouvernement de faire preuve de «mauvaise foi»: «Il ne cherche pas de solution à la crise actuelle. Il cherche à l'accentuer.»
Changement aux horaires
«La santé, c'est un service public. Le gouvernement le laisse tomber. Je me demande si ce n'est pas pour que la population se résigne à accepter que le privé fasse son entrée dans le réseau...» avance Mme Laurent.
Selon la FIQ, la principale solution pour régler la pénurie d'infirmières dans les hôpitaux est le réaménagement du temps de travail. «Nous proposons la semaine de quatre jours. On financerait en partie cette mesure en éliminant des congés pour jours fériés et des congés de maladie, résume la présidente. Si nos conditions de travail ne s'améliorent pas, c'est sûr que la crise va s'aggraver.»
Mme Laurent déplore que le gouvernement justifie son inaction en disant qu'il «évalue les besoins». «Évaluer les besoins, on ne peut pas faire ça pendant quatre ans», martèle-t-elle.
En conférence de presse hier après-midi, Yves Bolduc n'a pas commenté la mort de M. Figiel: «Je n'ai pas eu d'écho et donc je ne peux pas commenter», a-t-il dit.
Est-ce normal que les patients meurent dans les couloirs des hôpitaux? a demandé une journaliste. «Tous les décès qu'on peut éviter, il faut les éviter. (...) Ce qu'on veut, c'est qu'il y en ait le moins possible», a répondu le ministre.
Quand aux attaques de Mme Laurent, M. Bolduc a dit: «La négociation ne se fera pas sur la place publique. Il y a des tables de concertation, il faut en arriver à des positions raisonnables à l'intérieur de balises budgétaires. Il y a moyen de discuter.»