15 juin 2007

Couillard le menteur!

Le ministre Couillard a induit la Chambre en erreur dans le dossier du 388
PAR JOCELYNE RICHER

QUEBEC (PC) - Le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a induit en erreur l'Assemblée nationale, mardi, en prétendant avoir visité un centre de traitement pour psychotiques où il n'a, en fait, jamais mis les pieds.

Ce faisant, il a jeté de l'huile sur le feu et accru le climat de tension déjà élevé entre le gouvernement et Le 388, une ressource en santé mentale de Québec menacée de fermeture.

Une des coordonnatrices du centre, Lucie Cantin, estime que la déclaration du ministre en Chambre s'inscrit dans toute une "série de mensonges" que le ministre et les autorités gouvernementales ont proférés au cours des derniers jours dans le dossier du 388.

"Je n'en reviens pas!", a-t-elle déclaré, se montrant "estomaquée" par l'attitude du ministre Couillard, lors d'une entrevue téléphonique à la Presse Canadienne, mercredi.

"On ne peut pas laisser les gens dire n'importe quoi. Il n'est jamais venu ici", a soutenu Mme Cantin, d'autant plus choquée que Le 388, qui lutte depuis 2002 pour sa survie, a multiplié depuis des années des demandes de rencontres avec le ministre, qui sont toutes restées lettre morte.

Mardi, en réponse à une question de la députée de Taschereau, Agnès Maltais, quant au sort réservé au 388 par le gouvernement, le ministre Couillard s'est levé pour affirmer qu'il connaissait bien cette ressource pour jeunes adultes psychotiques, qui bénéficient d'un traitement basé sur la psychanalyse.

"Je suis moi-même allé visiter le centre. Il s'y fait effectivement du bon travail", a-t-il déclaré en Chambre.

Mercredi, questionnée à savoir à quel moment le ministre s'y était rendu, sa porte-parole a vérifié puis expliqué que le ministre s'était "trompé".

Il a confondu Le 388 avec le Faubourg Saint-Jean, une autre ressource en santé mentale de Québec, qu'il a visitée en compagnie du directeur du Centre hospitalier Robert-Giffard, Michel Gervais, a-t-elle expliqué.

Le ministre n'a d'ailleurs aucun projet à court terme de visiter ce centre, plongé au coeur d'une controverse avec Robert-Giffard, auquel il est rattaché contre son gré.

Par ailleurs, la nomination d'un conciliateur chargé de rapprocher les deux parties se fait toujours attendre.

Encore là, du côté du 388, les attentes sont plus que modestes.

"C'est une grosse farce", selon Mme Cantin, persuadée que les dés sont pipés.

"Ils sont tous dans la même clique", a-t-elle ajouté, en parlant du ministre Couillard, du directeur de Robert-Giffard et du directeur de l'Agence de la santé et des services sociaux de la capitale nationale, Michel Fontaine, à qui incombe le mandat de trouver un conciliateur, qui doit, en principe remettre un rapport d'ici le 30 juin.

Mme Cantin dénonce le manque de sérieux de la démarche, se demandant bien comment, en quelques jours, un conciliateur pourrait arriver à dénouer une impasse qui dure depuis au moins cinq ans.

Déjà, en 2002, un groupe d'experts, mandaté par le ministère de la Santé, en était venu à la conclusion que les positions - et les approches cliniques - étaient "irréconciliables". Il proposait de séparer les deux institutions.

Vu la particularité de sa mission, Le 388 revendique un statut d'établissement privé sans but lucratif.

"Intégrer Le 388 à Robert-Giffard équivaut à le démanteler", selon elle.

La direction estime que Robert-Giffard a pris divers moyens - déclassification des professionnels, absence de budget pour rénover le bâtiment - pour le démanteler de l'intérieur.

"C'est du harcèlement", ajoute-t-elle.

Le centre, qui accueille une centaine de jeunes adultes psychotiques de la région de Québec, a développé une approche novatrice basée sur la psychanalyse plutôt que la psychiatrie traditionnelle.



http://info.branchez-vous.com/Nationales/070613/N0613198U.html