3 janvier 2007

les promesses ont-elles été tenues ?

La santé est demeurée l'épine au pied des libéraux
Presse Canadienne
Québec

Attendre des heures et des jours à l'urgence. Attendre des mois pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste. Attendre encore le jour béni où la chirurgie requise sera enfin pratiquée. Ces tristes réalités, bien connues de quiconque fréquente le système de santé du Québec, devaient disparaître par enchantement avec l'élection des libéraux en 2003. Mais en cette fin de 2006, force est d'admettre qu'elles font toujours partie du décor, et tout indique qu'il faudra se résigner encore longtemps à vivre avec ces travers du système
Pourtant, l'attente, mot «honni» des libéraux de Jean Charest, ne devait pas seulement être réduite, mais complètement «éliminée» du réseau de la santé. Au moment de se faire élire, M. Charest invitait même la population à juger son futur gouvernement sur sa capacité à remettre le système de santé sur les rails. Si elle le prend au mot, il pourrait avoir de mauvaises surprises lors du prochain scrutin. Car malgré un effort réel et soutenu de la part du gouvernement — qui s'est traduit par un réinvestissement important en santé, une réorganisation du réseau, combien de politiques et de réformes législatives — le monstre ne s'est toujours pas laissé mater. Dans certains cas, les choses vont mieux, dans d'autres, elles sont pires qu'avant. Par exemple, entre 2003 et 2006, le temps médian d'attente entre une consultation chez l'omnipraticien et un rendez-vous avec un spécialiste est passé de huit à 10 semaines, indiquait l'Institut Fraser, en octobre. Par contre, une fois que le spécialiste a été vu, on attend un peu moins pour la chirurgie: 8,3 semaines, au lieu de 10,7. Dans son bilan de session présenté le 18 décembre, le premier ministre Charest se vantait d'avoir pratiquement éliminé les délais d'attente hors norme en radio-oncologie. Il a cependant passé sous silence toutes les autres pathologies où la performance du gouvernement est moins spectaculaire. Actuellement, on compte environ 35 000 personnes dont le nom figure sur la liste des patients qui doivent attendre une chirurgie plus longtemps que la limite jugée médicalement acceptable. C'est quand même une amélioration par rapport à l'époque où le gouvernement a pris le pouvoir, alors qu'on en comptait plus de 44 000. N'empêche, on est loin du compte, si on rappelle que la liste devait être ramenée à zéro. D'ailleurs, devant l'évidence, le gouvernement a fini par ajuster son discours. En septembre dernier, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a déclaré que le gouvernement procédait désormais «par étapes». Pendant ce temps, dans les urgences des hôpitaux, la situation est tout aussi difficile à contrôler. La réorganisation du réseau, qui devait libérer des lits et diminuer la durée des séjours en urgence, n'a pas eu les effets escomptés. En sus des budgets prévus, en cours d'année, le ministre Couillard a donc dû allonger 50 millions $ supplémentaires pour permettre aux hôpitaux de mieux gérer leurs listes d'attente, puis, il y a quelques semaines, il injectait 16 millions $ supplémentaires pour désengorger les urgences, dans certaines régions où la situation devenait alarmante. Mais le gouffre est sans fond et les gains minimes. Entre 2003 et 2006, le nombre de séjours à l'urgence de plus de 48 heures n'a même pas chuté d'un point de pourcentage. Et la proportion de séjours de plus de 24 heures est elle aussi demeurée stable, chutant de 27,7 pour cent à... 26,8 pour cent. À sa décharge, le ministre fait valoir qu'il a au moins réussi à «inverser la tendance», malgré une hausse de l'achalandage associée au vieillissement de la population. Autre changement de discours fort remarqué durant l'année: d'alarmant en début de mandat, le problème du financement à long terme du système de santé a été balayé sous le tapis par le ministre, qui ne juge plus nécessaire de s'y attaquer.Ouverture au privéD'aucuns sont d'avis que la seule façon de réduire l'attente et de rendre le système enfin plus efficace serait d'autoriser une contribution accrue du secteur privé, question explosive s'il en est. D'autres brandissent le spectre de «la santé à deux vitesses» à la moindre allusion à une possible cohabitation public-privé. À ce propos, le gouvernement n'a pas eu le choix d'afficher ses couleurs, en 2006, à la suite de l'arrêt Chaoulli de la Cour suprême, qui annulait l'interdiction de contracter une assurance pour des soins couverts par l'assurance-maladie. Pour se conformer au jugement, Québec a choisi d'entrouvrir la porte au privé, tout en réaffirmant sa foi dans un système public gratuit. Par la loi 33, Québec s'est engagé à fournir «une garantie d'accès» dans un délai déterminé n'excédant pas neuf mois pour trois types de chirurgie (genou, hanche et cataracte). Un autre moyen pris par Québec pour réduire les délais d'attente a été d'ouvrir toutes grandes les portes des facultés de médecine et des départements de techniques ou sciences infirmières, pour maximiser le nombre d'inscriptions. Parmi les autres initiatives du gouvernement cette année, notons l'adoption généralement fort bien accueillie de la loi sur le tabac, qui interdit l'usage du tabac dans les lieux publics. Le ministre Couillard a également fait le ménage dans les centres d'hébergement pour personnes âgées en imposant la certification obligatoire. Depuis trois ans, par ailleurs, les groupes de médecine familiale sont passés de 17 à 116, mais 29 pour cent des Québécois n'ont toujours pas de médecin de famille. Enfin, Québec s'est lancé officiellement dans trois grands chantiers à Montréal, pour un total de 3,6 milliards $: le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), sur le site de l'Hôpital Saint-Luc, le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Mais malgré les sommes colossales consenties par Québec pour la santé — qui accapare 43 pour cent du budget de l'État — parions que l'opposition se fera un plaisir en 2007 et durant la campagne électorale de rappeler au gouvernement qu'il a failli à ses promesses et que le système de santé est toujours bien mal en point.

http://www.cyberpresse.ca/article/20061223/CPACTUALITES/61223019/1019/CPACTUALITES

les dents c'est important pour les gens en CHSLD aussi.

Oubliée dans les CHSLD
Yannick DonahueJournal de Québec30/12/2006 08h25

L'Association dentaire canadienne (ADC), qui regroupe 18 000 dentistes au pays, s'inquiète de la piètre santé dentaire des bénéficiaires en CHSLD et demande au gouvernement du Québec d'intervenir en adoptant une politique de santé dentaire pour les aînés en institution.
Directeur des services professionnels à l'ADC, Benoit Soucy constate que davantage de personnes âgées entrant en CHSLD possèdent encore leurs dents naturelles alors que la plupart d'entre elles portaient un dentier il n'y a pas si longtemps.
Faute d'entretien, ces personnes qui ont soigné leur dentition toute leur vie doivent trop souvent se les faire arracher un an après leur admission.
L'ADC dénonce ce laisser-aller et réclame que l'État mette en place une stratégie afin que cesse la détérioration de la santé buccodentaire des résidants des CHSLD.
«Ce problème n'est pas unique au Québec, précise M. Soucy. Il affecte toutes les provinces du Canada. Ces milieux de vie assistés ne sont pas équipés pour prendre soin de la santé dentaire de leurs résidants», déplore-t-il.
Selon lui, le personnel de ces établissements éprouve des problèmes à assurer les mesures d'hygiène buccale des patients en perte d'autonomie.
«Le personnel n'a pas le temps, pas la formation, pas les outils nécessaires. L'hygiène dentaire se retrouve en bas de la liste des tâches à accomplir. Alors, elle ne se fait pas», décrie-t-il.
M. Soucy demande à ce qu'un examen dentaire soit réalisé à l'admission d'un bénéficiaire puis un second six mois plus tard, afin de voir s'il y a eu un changement et pour apporter les correctifs au besoin.
Il réclame aussi que le ministère de la Santé fasse la promotion de la dentisterie gériatrique. «Il y a un sérieux problème de main-d'oeuvre, s'attriste-t-il. Ce n'est pas facile de trouver des dentistes qui acceptent d'aller pratiquer en CHSLD.»
Benoit Soucy se désole de ne pas avoir de statistiques officielles pour appuyer les dires de son association. D'ailleurs, il déplore que le gouvernement n'oblige pas la compilation annuelle du taux de carie, chiffres qu'il considère comme essentiels pour guider les actions des intervenants du milieu.
Or, se réjouit-il, le gouvernement fédéral mène actuellement une enquête sur la santé des Canadiens et elle inclut la santé dentaire des résidants des CHSLD. Les résultats seront connus dans deux ans. Il jure qu'ils refléteront ce qu'il dénonce maintenant.
«Des programmes d'hygiène dentaire existent pour les jeunes»
Le réseau de la santé aimerait pouvoir offrir plus de soins dentaires aux aînés en CHSLD.
Alain-Philippe Lemieux, directeur des services professionnels au CSSS de la Vieille Capitale, appuie l'idée d'une politique nationale de soins dentaires pour les personnes âgées vivant en CHSLD. «Des programmes d'hygiène dentaire existent pour les jeunes, affirme-t-il. On ne retrouve pas cela pour les aînés dans l'offre de services de soins prévue par le ministère de la Santé du Québec.»
Il reconnaît que l'hygiène dentaire est laissée à la discrétion des bénéficiaires. «Certains résidants le font, d'autres pas. Nous leur rappelons l'importance de se brosser les dents. Par contre, nous ne le faisons pas à leur place.» Rappelons que la santé dentaire en CHSLD ne constitue pas un service assuré par le MSSS.
Le CSSS Québec-Nord se dit également en faveur d'une telle politique. André Roy, directeur des services médicaux, croit que le gouvernement devrait penser à la gratuité pour les retraités qui, admet-il, gardent leurs dents plus longtemps qu'avant. «Si on rendait ces services accessibles pour les bénéficiaires, ils auraient une meilleure santé buccodentaire.» Toutefois, cela se traduirait par une inévitable hausse des effectifs.
«Je ne crois pas que les bénéficiaires soient soumis à une extraction de dents un an après leur admission», déclare M. Roy. Il faut dire que son centre possède un service de dentisterie qui dessert la clientèle en perte d'autonomie, mis à part le secteur de Charlesbourg qui n'a pas encore droit à ce privilège.
Aucun examen dentaire n'est effectué annuellement à son centre. «Les équipes soignantes se chargent du dépistage», explique-t-il. Ainsi, des infirmières auxiliaires retirent le tartre aussi bien qu'elles ajustent les prothèses.
À l'Agence de santé de la Capitale-Nationale, le porte-parole Pierre Lafleur assure que tous les efforts sont déployés pour que les aînés gardent leurs dents naturelles. Il conteste cependant le constat fait par l'ADC. Selon lui, au moins la moitié des personnes qui entrent en CHSLD présentent des problèmes de santé dentaire.
En revanche, il reconnaît que le défi des dix prochaines années sera effectivement celui des soins dentaires. «Nous accueillerons une génération qui a démontré plus d'intérêt pour la santé dentaire que la précédente», dit-il.
M. Lafleur indique que la Direction de la santé publique de la région de Québec oeuvre à développer un programme de formation sur l'hygiène dentaire pour les préposés aux bénéficiaires, afin de leur montrer notamment comment brosser les dents ou passer la soie dentaire aux personnes en perte d'autonomie. «Elle travaille aussi à développer un programme en dentisterie gériatrique», mentionne-t-il.

http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2006/12/20061230-082500.html