26 mai 2007

Les médecins étrangers au Québec Un jour, l'histoire vous jugera durement

(Au Dr Gaétan Barette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec).

La lecture de vos déclarations dans les journaux, au cours des derniers jours, choque royalement les communautés culturelles du Québec et les Québécois. En effet, le débat suscité au Québec par les accommodements raisonnables et le corporatisme de plusieurs ordres professionnels, dont le vôtre, montrent éloquemment que le Québec ne tire pas le maximum des immigrants qui sont venus y vivre. Vous partagez une responsabilité à cet égard. Un jour, l'histoire vous jugera durement!

Par ailleurs, vous savez pertinemment que la majorité des médecins étrangers, qui conduisent des taxis, à Montréal, sont compétents. La situation est grave. À ce sujet, il y a des médecins diplômés dans les pays occidentaux, notamment la France, la Belgique, qui ne peuvent pas exercer leur profession ici.

Par contre, les médecins québécois qui vont pratiquer en Afrique ne rencontrent pas cette résistance corporatiste irrationnelle et inhumaine. Un gynécologue, un obstétricien, un ophtalmologue, un pédiatre, un chirurgien, un anesthésiste... est un médecin spécialiste, peu importe son origine, le corps humain étant le même. Un stage d'adaptation à la technologie et aux maladies spécifiques est bien entendu nécessaire et utile.

Rappelez-vous que vos «médecins sans frontières» et vos «médecins du monde» ne connaissent pas les maladies tropicales, pour ne citer que cet exemple, et, en outre, qu'ils ont un obstacle de taille : ils ne connaissent pas la langue parlée par leurs patients! Si j'étais avocat, je n'hésiterais pas de dire qu'il est criminel de laisser mourir nos soeurs et frères humains québécois, pour vos intérêts corporatistes, plutôt que de les laisser être soignés par des médecins étrangers! La même logique vaut pour les infirmiers et infirmières étrangers qui, dans certains de nos pays, posaient même des actes médicaux, fait sur lequel les vôtres sont sérieusement en retard. Vous préférez gardez vos malades dans les corridors, intérêts corporatistes obligent !


Vos déclarations belliqueuses nous ont aidés

Par ailleurs, j'aimerais vous remercier. Vos déclarations belliqueuses dans les médias nous ont aidés à nous prendre en main. Ainsi, nous avons décidé de fonder un groupe de pression. Il s'agit du FDBR Lobby Group Inc. C'est un groupe de représentation des intérêts. Il s'agit d'une organisation non partisane. À l'heure actuelle, nous avons des représentants à Québec, à Montréal, à Toronto, à New York, à Londres, à Bruxelles et à Abidjan.

Notre groupe est unique en son genre. D'une part, il est le premier lobby dédié à l'analyse des problèmes économiques des Québécois d'origine africaine et à la recherche des solutions optimales à l'extrême pauvreté qui affecte les Québécois. D'autre part, il s'appuie, plus que jamais, sur la création d'une synergie entre professionnels disponibles sur le terrain dans les pays africains et ceux de l'extérieur de l'Afrique intéressés par l'avancement économique de ce continent.

L'objectif premier du lobby est de faire les représentations auprès des décideurs politiques et économiques afin de les éveiller, entre autres, à l'expertise académique, ignorée, des chauffeurs de taxi et des médecins diplômés à l'extérieur du Canada. Curieusement, le politicien qui nous écoute avec respect est Mario Dumont!

En vous remerciant, j'aimerais vous rappeler que nous sommes tous immigrants ici. Il est donc temps de construire le Québec ensemble. C'est le message que les Québécois ont envoyé aux leaders politiques le 26 mars dernier. Mario Dumont l'a compris. Par contre, le Parti québécois et le Parti libéral n'ont pas encore compris ce message. Vous devez donc vous réveiller et permettre aux immigrants de toutes les origines de contribuer à la construction de ce beau pays qu'est le Québec.

*L'auteur est conseiller stratégique du FDBR Lobby Group Inc.
Il est également professeur de science politique au Centre d'études collégiales de Montmagny et il a été conseiller à l'intervention nationale à l'Office des personnes handicapées du Québec. Il pilotait les dossiers relatifs aux accommodements raisonnables