13 août 2007

Des implants fait sur mesures

Yves Therrien

Le Soleil

Québec

Vous vous souvenez de cette scène à la fin du deuxième film de Star Wars où le jeune Jedi Luke Skywalker se fait trancher la main par Darth Vador ? Dans le vaisseau spatial, on lui reconstruit la main et une partie de l’avant-bras comme si de rien n’était. C’est cette image qu’évoque Jean Robichaud en rêvant qu’on pourra remplacer une dent dans les 48 ou 72 heures après son extraction avec un implant dentaire et une racine personnalisée qu’on remet dans la gencive sans que cela paraisse.


Avec la technologie actuelle, la pose d’implants pour des prothèses permanentes ou amovibles prend entre trois et huit mois. Et le rêve n’est pas loin de se réaliser, puisque les recherches avancent bien au Centre de recherche et formation en implantologie (CRFI) de Québec, fondé en 2000 par M. Robichaud et son partenaire, le docteur Marc Beaumier. « On devrait pouvoir commercialiser la racine dentaire personnalisée d’ici deux ou trois ans, raconte M. Robichaud. Entre-temps, nous poursuivons nos recherches autant dans le secteur médical qu’au plan informatique et robotique pour la création des implants personnalisés. »

Alors que la technologie actuelle en dentisterie et en denturologie exige des travaux manuels pour la création des prothèses et des implants, le développement informatique et l’ère du numérique permettent la robotisation d’une bonne partie des procédés pour en arriver à créer des prothèses et des implants conçus en fonction des besoins du patient. Depuis la fondation du CRFI, des équipes d’informaticiens ont mis au point les logiciels pour l’implantologie pendant que l’équipe de recherche médicale avec les deux dentistes et le technicien dentaire a continué les recherches pour vérifier de nouvelles avenues dans les méthodes. Il s’agit de l’un des rares centres en implantologie à utiliser la conception et la fabrication assistées par ordinateur (CFAO).

« Nous nous sommes interrogés sur la façon de poser les implants, souligne M. Robichaud. Il fallait voir s’il était possible d’effectuer le travail plus rapidement comme on le fait maintenant en orthopédie lors des opérations de la hanche avec la mise en charge immédiate de la prothèse qui a pour effet d’activer la croissance de l’os et l’intégration de l’implant. »

Auparavant, la pose de l’implant se faisait en deux stades : un premier où l’on installe l’implant dans la gencive en refermant la plaie, puis un second où l’on pose la prothèse fixe ou amovible. « Aujourd’hui, indique M. Robichaud, on fait une seule étape avec les implants conventionnels pendant que l’on poursuit le développement de l’implant personnalisé en forme de racine. »

Le travail de recherche s’effectue sur de « vrais » patients, mais ce ne sont pas des cobayes qu’on laisse en plan, précise M. Robichaud. « Nous ne les traitons pas en cobayes, nous les traitons comme de vrais patients et nous assurons un suivi régulier. Lorsqu’il y a des cas difficiles, c’est en équipe que nous tentons de trouver une solution. Notre plus grande richesse, c’est le mélange de nos expertises. » Toutefois, il ne s’agit pas d’une clinique dentaire, mais bel et bien d’un centre de recherche orienté vers la technologie des implants dentaires.