Destituer Jean Charest
Jeudi le 18 mars 2010
Cher Monsieur Charest,
En tout respect pour la fonction que vous occupez et pour votre propre personne, j'ai le regret de vous annoncer qu'il est temps pour vous, si ce n'est déjà fait, de songer à vous retirer du poste que vous occupez maintenant depuis 2003. Malheureusement, vous ne possédez ni la vision, ni les capacités, ni l'énergie, et je dirais même l'intérêt pour répondre à l'urgence de la situation qui prévaut au Québec.
Les aptitudes que vous possédez et certes, vous en possédez certainement, ne correspondent pas à ce que nous recherchons. En ce sens, peut-être seriez-vous plus heureux dans un poste sur la scène internationale. Votre sens de la répartie, votre goût pour les voyages, votre sens de l'humour et la légèreté avec laquelle vous traitez des questions qui vous sont soumises seraient fort probablement plus appréciés d'une organisation mondiale qui n'a pour ainsi dire, d'autre mission que celle de justifier sa propre existence.
Nous apprécierions donc que vous présentiez à votre institution, le Parti libéral du Québec, et à vos donateurs (sans doute très nombreux dans l'industrie de la construction), votre lettre de démission effective le plus tôt possible.
Votre bilan, avouons-le, ne justifie pas que vous terminiez votre mandat comme premier ministre du Québec et nous comprenons parfaitement que vous en ayez assez d'avoir à baigner dans des problèmes qui manquent de hauteur intellectuelle ou philosophique, tels l'interminable état de délabrement du système de santé québécois, le taux de décrochage des élèves, ou encore des conditions sanitaires des personnes en perte d'autonomie.
Nous comprenons donc que vous soyez tenté par les discours beaucoup plus "honorables" et "vaporeux" des environnementalistes (lire Jean Charest's green smokescreen) , mais il s'avère que les priorités du Québec, voyez-vous, ne sont pas tellement de ce type.
Aussi, convenons que vous en êtes probablement à l'épuisement des stratégies de report de problèmes d'ailleurs admirablement conçues et réalisées par votre équipe de fins communicateurs. Nous ne pensons pas, en effet, que vous pourrez encore user de la stratégie de l'endettement excessif, ou encore solliciter avec succès la bonne foi de "comités consultatifs", ou enfin faire croire à vos ministres votre volonté de changer quoique ce soit au Québec. À preuve, nombre d'entre eux qui auraient pu faire une différence vous ont quitté et militent maintenant à l'intérieur de groupes de pression qui espèrent encore vous voir prendre une quelconque décision pour redresser le Québec.
Non. Le Québec éprouve des problèmes structurels et je regrette de vous dire que vous n'êtes pas le réformateur dont nous avons besoin. J'admets que votre remplacement à la chefferie du Parti libéral du Québec ne changerait probablement rien à l'agenda d'un gouvernement libéral, mais avouons qu'il aurait au moins le mérite de voir sanctionner un homme politique dont l'héritage n'aura été que d'endetter encore davantage les Québécois, ajouter au cynisme des citoyens, perpétuer les effets pervers d'un modèle québécois usé et peut-être même semé les germes d'une discorde sociale sans précédent.
Si toutefois, il vous venait à l'idée de vous servir de la démocratie pour relever le défi très personnel et égoïste de vous faire élire une 4e fois comme chef de gouvernement, sachez que cela serait la preuve ultime que vous aurez, de toute évidence, atteint votre niveau d'incompétence.
Joanne Marcotte, citoyenne
Pour lectures de chevet supplémentaires:
L'échec libéral - André Pratte
Le vrai Jean Charest - Alain Dubuc
Un Québec sans "boss" - J. Jacques Samson